Traquée : Chapitre 4
Chapitre 4 :
Ouvrant la porte de sa chambre, le jeune homme aux cheveux légèrement en batailles se dirigea vers la cuisine.
-Alors mon cher fils.
Un autre homme préparait le repas. Il est bien plus âgé que le premier.
-Quoi? Répondit le fils.
-Tu n'as rien à me dire? Il lui lança un grand sourire.
-Te dire quoi?
-Et
bien aujourd'hui c'est ton anniversaire et aujourd'hui je serais enfin
le plus heureux des pères!!! L'homme leva le bras vers le
plafond de la cuisine, sa spatule à la main, l'air
déterminé.
-Papa faut vraiment que tu arrêtes de boire du café à 16h...Soupira t-il.
-Mais
quand vas-tu enfin me présenter ta future femme! Quand
trouveras-tu enfin une petite amie et me feras-tu de beau petit
enfant...
-Heu...Reviens sur terre papa, ton dîner est entrain de cramé...
-QUOI!
Mince alors! Il retourna à sa tâche mais continua à
embêter son fils. Au fait qui attends-tu derrière ton
ordinateur? Depuis hier soir tu as passé toute la soirée
à attendre quelques choses. Ou quelqu'un souligna t-il.
-Tu vas arrêter à la fin! J'ai 21 ans!
-Et toujours aucune petite amie en vue...Tu es désespérant...
-Tu me soules! Le jeune homme pris un manteau et sorti suivit du chien de la maison.
-Mais attends!
La porte se claqua. L'homme s'affala sur sa chaise.
Comme
chaque fois où sont père l'énervait. Il sortait de
la maison. Il n'y avait pas théâtre aujourd'hui, il alla
donc faire un tour au parc. C'était un endroit très
agréable et toujours calme. Il se situait à la sortie de
Votenèveline. Il y avait un très grand espace vert qui
encerclé un lac artificiel. Une cascade s'y déversait
juste à côté du parking.
-Aller va chercher
Bale! Le jeune homme lança un bâton. Le chien, un bouvier,
galopa jusqu'au bâton. Soudain l'énorme canidé
lâcha le jouet et regarda le lac. Intrigué, l'homme
regarda aussi : tout était calme. La cascade rugissait,
mais le reste du lac était calme et reposant. Le chien sauta
alors dans l'eau.
-BALE!? Le garçon vit alors un corps
inanimé qui était entrain de couler dans le lac. Sans
hésiter, il retira sa veste et plongea. Il rattrapa son chien et
plongea sous l'eau. Il l'a vis, seule, comme morte, portant une robe
blanche...Il l'a remonta à la surface et sorti de l'eau.
Par miracle elle était en vie. Il remit sa veste sur ses épaules.
-Je
dois...me rendre au 2 chaussée Coinchimont...2
chaussée...Coinch... Elle n'était pas consciente mais
arrivée encore à parler. Le garçon en fut
très surpris comment connaissait-elle cette adresse?
"Ou que tu sois, tu seras à moi! Tu m'appartiens. Tu resteras ici toute ta vie..."
Des
paysages étranges, boisés passant très vite devant
les yeux de Cisqua. Soudain, l'impression de voler. Puis cette eau,
où est le bas où est le haut? Impossible pour la jeune
fille de savoir. Tout est noir et les paroles de Franck semblent
être dites de partout à la fois.
Elle ouvrit
brusquement les yeux. Tout était noir. Cisqua se redressa un peu
et remarqua qu'on lui avait changé ses vêtements. Soudain
une sensation bien étrange l'envahit: elle s'aperçut
qu'un homme tenait sa main. Il était à sa droite,
endormit, la main posée sur la sienne. Étrangement Cisqua
se sentait rassurer... Elle regarda alors la pièce.
C'était une chambre, plutôt petite, une grosse armoire
était face à elle, et un ordinateur juste à
côte du gros meuble en bois massif. A cinq ou six pas d'elle se
trouvait la porte de la chambre. Elle était très sobre.
Reposant son regard sur l'homme qui lui tenait la main, Cisqua se
demanda où elle était et qui était-il. Elle
regarda ensuite l'écran de l'ordinateur qui était
allumé. Au premier passage elle n'avait pas fait attention mais
là, elle reconnaissait nettement le fond d'écran.
C'était un montage d'une série. Elle se nommait "L'île des abandons" L'histoire
était celle d'un homme à qui il arrivait pas mal de
choses et qui à la fin comme toute série finissait bien.
Mais ce qui intrigua Cisqua, c'est que le montage lui rappeler quelque
chose. Mais oui bien sur! En bas à gauche était
écrit en petit "Cisqua" Comment ne pas se souvenir de
toute l'après midi qu'elle avait passait à faire ce
montage! Elle l'avait fait pour Noël. C'était un cadeau
pour une seule et unique personne: Chiaki.
La jeune fille,
rassurée, sourit pour la première fois. Elle remarqua
qu'elle ne portait plus cette horrible robe qu'elle haïssait mais
un T-shirt très large, noir. Elle serra fort la main du jeune
homme avant de s'endormir paisiblement.
"A moi...tu es à moi...à moi...tu es...à moi"
Face à ce cauchemar répétitif, Cisqua se leva brusquement. Sortie de son sommeil d'un seul coup, elle contempla la petite chambre semi-éclairée. Respirant fort et à une allure irrégulière, elle tourna doucement la tête en direction de la table de nuit. Chiaki n'était plus là. Il y avait sa chaise, vide... Cisqua était sûre de ne pas avoir rêvé ou imaginé son réveil en pleine nuit. Elle poussa délicatement la couette et posa ses pieds au sol. Elle tressaillit en sentant le lino froid. Regardant le sol, elle découvrit un faux parquet comme les nouveaux magasins de lino faisaient. Elle faillit tomber à plusieurs reprises. Les quelques meubles qui se trouvaient dans la chambre avaient des couleurs claires, et n'avaient pas un brin de poussière. Le bureau où se trouvait l'ordinateur portable était dégagé et impeccable. Pas une seconde avant d’arriver ici, la jeune fille aurait pensé que Chiaki était comme ça. Elle imaginait plutôt une vaste chambre, désordonnée, avec des meubles poussiéreux. Elle le voyait comme un adolescent. Mais Chiaki avait 21 ans et était adulte.
Étirant le grand T-shirt qu’elle portait, car elle avait froid et le trouvait bien trop court à son goût. Elle s’assit sur le siège, face à l’ordinateur.
-Papa, nous avons payés très cher le canapé ?
-Pourquoi cette question ? Et depuis quand déjeunes-tu des œufs à la poêle ?
L’homme était dans la lumineuse et petite cuisine, face à la gazinière, tenant d’une main une poêle et de l’autre un ustensile de cuisine.
-Ben…Il faut bien un début à tout…Et puis on n’a pas encore testé ce canapé alors je vais m’y coller. L’œuf est cuit ?
-Tu m’étonnes beaucoup là…Tu veux dormir sur le canapé ? Toi, mon fils ? Que fais-tu de ton lit ?
Il déposa l’œuf une fois prêt dans une assiette carrée de couleur rouge. Chiaki récupéra le repas et mis le couvert sur un plateau assortie à l’assiette.
-Mon lit est parfait c’est juste que… Tu as lu le journal aujourd’hui ? Cela fait 20 jours que la fille a disparu.
-J’ai lu et ses parents ont été assassinés …Hé ! Mais attends un peu ! Ca ne répond pas à ma question !
Chiaki se dirigea vers la porte de sa chambre, plateau à la main. Juste avant d’ouvrir la porte, il se retourna et fit un grand sourire à son père.
-Chiaki ! Tu es vraiment impossible ! Et en plus incapable de se faire des œufs à la poêle…Quelle jeunesse !
Plonger dans la lecture, Cisqua ne remarqua pas l’arrivée du jeune homme. Il avait posé le plateau sur la table de chevet et s’était placé juste derrière Cisqua.
-Que fais-tu donc ? Demanda t-il doucement.
Cisqua, effrayée, se jeta du siège et se plaqua contre l’armoire en haletant.
-Du calme. Je ne te veux aucun mal. Je suis Chiaki. Et toi qui es-tu ?
La jeune fille commença à se calmer.
-Je voudrais juste t’aider tu sais…
Plongeant son regard dans les beaux et rassurants yeux de Chiaki, Cisqua ouvrit doucement la bouche pour se présenter. Elle voulait vraiment lui répondre mais aucun son ne sortait de sa gorge. Elle-même très choquée, elle recommença trois fois sans aucune amélioration. Elle ne pouvait plus parler. De petites larmes ruisselèrent sur ses joues. Dans une dernière tentative, elle montra l’écran d’ordinateur avec son doigt. Immédiatement, Chiaki s’assit et regarda de plus près l’écran. La fenêtre d’internet était ouverte sur l’adresse d’un forum auquel il était inscrit. Regardant de plus près, il se rendit enfin compte que le compte ouvert n’était pas le sien mais celui de Cisqua. Étonné, il regarda la jeune fille avec de grands yeux :
-Comment as-tu fais ? Comment as-tu réussi à ouvrir son compte ?
Toujours en larme, elle se pointa elle-même du doigt.
-Cisqua ? C’est toi ! Il s’avança, heureux d’avoir en chair et os sa grande amie. Il la prit dans ses bras mais brutalement, elle le repoussa et partie à l’autre bout de la chambre, sur le lit.
-Qu’est ce qui te prends ? Tu as peur…de moi ? Expliques-moi parce que je ne comprends pas…comment as-tu fais pour tomber dans le lac ? Tu es venue ici en vacances ? Ne me dit pas que tu es venue en douce quand même !?
Toutes ces questions. Elle ne peut pas y répondre. Elle ne veut pas. Elle ne veut absolument pas se souvenir de ce qu’elle a vécu là bas ! Fermant les yeux, elle s’écroula sur le lit et pleura. Chiaki s’approcha et s’assit doucement près d’elle. Comment elle continuait à pleurer il prit sa main dans la sienne.
-Excuses-moi. Tu n’a peut-être pas envie d’en parler mais quoi qu’il en soit tu peux rester ici autant que tu veux. Elle leva la tête et plongea son regard triste dans les yeux doux, brillants et rassurant de Chiaki. Celui-ci voulu lui faire un câlin pour la réconforter mais elle attrapa sa deuxième mains et la serra fort.
-D’accord Cisqua je ne fais plus rien…promis.
Une sensation nouvelle l’envahit. Enfin elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, le pilier de son existence. Elle ne risquait rien ici. Elle pouvait librement dormir et récupérer, pleurer même. Malgré sa perte de voie, elle savait qu’ici, près de Chiaki, tout allait s’arranger…
Depuis ce fameux jour où elle avait vu cette fille mourir, elle n’avait pensé qu’à Chiaki. Ne jamais voir son visage lui aurait été insupportable. Durant tous ces jours enfermés, elle n’avait pensé qu’à ça : le voir, le voir à tout prix avant de mourir ! Et maintenant il était là, près d’elle, ses mains dans les siennes…
Un silence s’installa et pour une fois, le ventre se Cisqua gargouilla. Ils se regardèrent avec un petit amusement. Mais une présence s’approcha de la porte. La jeune fille recula derrière son ami.
-Chiaki c’est Danny au téléphone il demande qui se charge de ton gâteau ce soir ? Le garçon regarda Cisqua qui serait fort sa main comme par peur de le perdre ou de disparaitre.
-Heu…Il regarda Cisqua puis répondit à son père. Dis lui que ce n’est pas la peine la fête est annulée. Je ne me sens pas terrible et il ne vaut mieux pas que je fête mon anniversaire ce soir…
-Mais !? E les autres alors ?
-Je leur dirais que je suis malade…Il fit semblant de tousser.
-Je peux entrer pour voir si tu as de la fièvre ?
-Non, c’est bon t’inquiète pas.
-Mais…
-Pas la peine papa tout vas bien c’est qu’un rhume demain il sera passé !
-D’accord…je vais appeler tout le monde pour dire que la fête est annulée.
-Merci papa. De nouveau il toussa. Une fois sûr que son père n’était plus là, il murmura à Cisqua : Tu devrais manger. Je ne suis pas fort en cuisine c’est donc mon père qui la cuit.
Cisqua mangea en se régalant sous les yeux rassurants de Chiaki…