Traquée : Chapitre 3
Chapitre 3 : Fuite
Cisqua savait qu'elle n'y arriverait jamais.
Elle n'est pas assez forte pour ça...Mais malgré tout, elle ne veut pas
manquer l'anniversaire de Chiaki, lui qui fut toujours là pour
l'écouter! Elle s'était promis de le rencontrer un jour! Ce jour devait
arriver! Elle le voulait du plus profond d’elle même, elle se disait
qu'elle allait le trouver!
La jeune fille avait réussit à atteindre
le haut de la cheminée. Elle trouvait avec ses pieds des prises dans le
mûr pour descendre à l'extérieur. Le froid avait enrobé ses petites
mains qui ne sentaient même plus la roche. Pourtant, malgré le vent et
le froid, elle descendait, doucement certes mais elle y arrivait plutôt
bien. Elle gagna le toit le plus bas du château pour retrouver la terre
ferme. Mais cette fois ci elle doit sauter et très haut.
-Je
ne peux pas faire ça je vais me tuer si je saute... Elle commença à
faire demi-tour, puis d'un coup, se jeta dans les airs. Tombant dans ce
vide qui lui semblait immense, elle pensait à lui. Ce sont ses pieds
qui touchèrent le sol en premier. Elle avait cru que ses jambes
s'étaient détachées tellement la douleur était forte. C'était comme si
elle venait de se casse les pieds... Mais il fallait pourtant qu'elle
continu et elle même le savait. Faisant un non de la tête elle se leva.
Une boule au ventre elle se retourna vers le château. Après avoir dit
adieu à cet endroit maudit, elle partit dans le bois.
La forêt était calme, reposante...Les arbres dormaient tranquillement, bercés par une lueur lunaire.
Les
rongeurs sortaient de leur trou pour se nourrir sous l'œil vigilant
d'une chouette, perchée sur un sapin. L'animal épiait sa proie qui
était loin de se doutée de sa mort proche. Car bientôt l'oiseau
fondrait sur la malheureuse petite souris qui rongeait au milieu des
herbes...
La chouette commençait à déplier ses ailes, ne quittant
pas le rongeur des yeux. Soudain elle détourna son regard avant de
s'envoler loin de l'intruse...Cisqua fuyait, elle ne s'arrêterait pas
avant l'épuisement! Sa peur de Franck était trop forte. Rien en elle ne
répondait, elle courait, toujours et encore. Sa robe blanche se
distinguait de la forêt et de son peuple nocturne. Cela faisait bien
deux heures qu'elle c'était enfuie. Entendant le bruit de l'eau. Elle
se rendit compte qu'elle avait très froid et que la forêt noire,
éclairée par la lune avait des airs menaçants. Le bruit d'eau devenait
plus fort et elle s'arrêta au pied d'une grande cascade. Une fois son
souffle retrouvé, elle regarda les parois. Tout était recouvert de
mousse. La lune faisait scintiller des milliers de gouttelettes, posées
sur le végétal. C'était magnifique…
Elle regarda de plus près : il y
avait un petit trou dans la paroi, recouverte de mousse. La jeune fille
regarda s’il était profond et après une légère hésitation, elle rentra
à l’intérieur. Elle n’avait pas de place et resta donc recroquevillée
sur le côté gauche.
Le soleil levant, n’avait guère réchauffé la
forêt, fraîche et humide. La jeune Cisqua, avait tremblotée durant son
sommeil. Sa robe blanche avait pris une couleur terne et légèrement
noire à cause des roches humides. Sortant de son trou, elle s’étira et
remarqua que ses mains et ses pieds étaient griffées et lui faisaient
mal. Le bruit d’un oiseau la fit sursauter. Ces bois étaient décidément
bien terrifiants d’après elle. Frissonnante, elle commença son périple
pour atteindre la ville de Chiaki. Plus les heures passaient plus la
forêt s’animait de chants nouveaux mais cela ne la rassurait en rien.
Au contraire le moindre bruit l’effrayait et elle avait la sensation
d’être espionnée. A chaque craquement de branche, chaque grincement
d’arbre, chaque chants d’oiseaux nouveaux, elle se retournait et ne
voyait rien que la forêt sauvage. Sa robe toujours humide et lui
glaçait la peau. Croyant entendre une respiration derrière elle, Cisqua
commença à courir au beau milieu des ronces. La douleur vive la ramena
à la raison et elle se jeta sur un sentier. Elle inspecta la plante de
ses pieds: les ronces avaient arraché toute la peau de ses pieds et le
froid venait lui glacer ses blessures qui s’ouvraient un peu plus dès
qu’elle marchait dans les taillis.
La nuit était tombée depuis
plusieurs heures et la jeune fille marchait toujours. Elle larmoyée à
cause du vent froid qui venait lui glacer le sang et lui brûler les
yeux. Elle découvrit un grand mur. Etait-elle proche d’un village ?
Pourquoi cette tour était en ruine ? Sans plus attendre elle chercha
une entrée et inspecta l’intérieur : il y avait une grosse flaque
d’eau, une paroi rocheuse et bien plus haut un immense trou. Une grotte
? Non c’était impossible pensa t-elle. Elle entreprit d’escalader pour
passer la nuit ici. La pierre froide lui fit lâcher prise. Elle décida
de commencer pas trouver des prises pour ces pieds. Elle essaya de
s’appuyer et s’écroula dans un tas de vieilles feuilles. Elle caressa
le plus doucement possible son pied qui se remit à saigner…
-Pourvu qu’il n’y est pas d’ours ou de loups…sinon je suis cuite…
Justement
un bruit se fit entendre à l’extérieur des ruines. Elle aperçu un
museau et hurla en sautant comme elle put sur la paroi. Malgré son
atroce douleur elle atteignit le trou et se retourna seulement à ce
moment là. Cisqua rigola en reconnaissant là un petit renard roux qui
fini par s’enfuir lui aussi. De nouveau, elle passa la nuit
recroquevillée sur elle-même et sans réussir à trouver le sommeil.
-Héhé une égarée rien que pour moi...Quel cadeau du ciel...
Cisqua
entendit des paroles lointaines qui l'appelée. Elle entrouvrit les yeux
et aperçu quelqu'un, aussitôt elle se leva et descendit la paroi en
tombant et se rappant les bras et les jambes d’avantage.
-Aidez-moi! Je vous en supplie! Je m'appelle Cisqua et Franck ! Il m’a enlevée!
-Calmez-toi... L'homme réagit étrangement au nom de Franck.
-Aidez-moi...Je dois aller à Votenèveline!
-Mais quelqu'un sait-il que tu es ici?
-Non...Cisqua
commença à pleurer. Après tout ce qu'elle avait enduré enfin elle
trouvait de l'aide. Enfin tout allait s'arranger. Cet espoir lui
réchauffa tant le cœur.
-Je vois. Il lui adressa un sourire
discrètement puis lui proposa de la raccompagner dans la ville. Cisqua
sûre d'être sortit de son cauchemar le suivit dans le bois...
Cisqua venait juste de s'apercevoir qu'elle avait dormit durant toute
une journée. Elle marchait, derrière l'homme. Il avait traversé
d'anciens vestiges d'un bâtiment. Cela faisait quelques minutes déjà
qu'ils longeaient à présent un ruisseau. L'eau, coulant entre les
rochers laissait entendre un ruissellement très agréable.
Cisqua
se souvenait son enfance. Quand elle et ses parents allaient chez sa
grand-mère. Celle-ci vivait au bord d'un ruisseau similaire et à chaque
fois la jeune enfant passait ses après-midi a escaladé les rochers.
Bien souvent elle glissait et revenait à la maison trempée...Ce temps
était bien loin et révolu. Qu'allait-elle faire maintenant? Elle avait
trouvé quelqu'un mais comment retrouver Chiaki? Elle n'avait que cette
pensée. La police de toute manière ne pouvait rien pour elle. Elle
appartient à Franck, il la retrouverait d’une manière ou d'une autre...
Ses pensées négatives s'estompèrent à la vue d'un vieux pont moyenâgeux
qui traversait le ruisseau et qui semblait peu à peu devenir une
rivière profonde.
-Où sont tes parents? Demanda soudain l'homme.
-Franck... ils les a...
-Toi aussi tu es sans famille...un peu comme moi... Il regarda le ciel. Tu m’as dit que tu venais d’où déjà ?
-De Chytrai c’est un petit village dans le Sud.
-Hum…Et tu as quel âge déjà ?
-Heu je ne les pas dit. J’ai 16 ans et vous ?
-Moi ça n’a pas d’importance tu sais. Dis-moi tu as déjà eut un petit ami ?
Cette question trop indiscrète fit reculer Cisqua. De quoi ce mêlait-il ?
-Tu ne réponds pas ? Ca signifie qu’il ne t’a pas touché.
-Quoi ?!
-Il ne l’a pas fait c’est donc moi qui m’en chargerait. Dit-il en riant.
Complètement prise de panique, elle s’enfuit dans le noir.
-Tu n’as aucune chance il fait nuit noire et tu ne connais pas la forêt !
Rien
à faire, elle ne voyait rien mais il était hors de question de
retournée dans l’enfer qu’elle avait vécu ! Elle tomba en s’entravant
avec une racine d’arbre. Les cicatrices de ses pieds s’étaient
rouvertes et un petit caillou était venu s’y loger. Marchand comme elle
pouvait elle se retrouva sur un pond.
-Ne fait pas un pas de plus ! Ce pont est en ruine ! Allé vient donnes moi la main !
-N’approchez pas ! Laissez-moi tranquille !
Comment
l’avait-il retrouvé en si peu de temps ? Elle avait mal et était
fatiguée de courir ! Ses mains et ses pieds meurtris n’en pouvaient
plus ! Il fallait que ça cesse !
Posant son pied derrière, pour
reculer, le pont s’écroula alors sous la jeune fille. Sous un bruit de
fracas suite aux pierres qui tombaient dan l’eau, tout disparu dans la
nuit…
La nuit était noire, l'eau de la rivière semblait être
l'antre des ténèbres, qui petit à petit aspirait sa victime vers le
fond où se trouvait le maître des lieux. Peut-être n'aurait-il pas
envie de dévorer une fille aussi jeune et aussi jolie. Peut-être
l’épargnerait-il en la laissant aller, avec le courant...Qui sait?